
Octobre122025
Yucatan 7 : Kukulkan, Chaac et les autres
Une faille dans notre modjo. Les trajets se déroulent beaucoup trop bien. Les gens sont beaucoup trop sympas. Tout est beaucoup trop beau. Itzamná est avec nous ! Même le temps est au rendez-vous. C’est la saison des pluies mais quand il est arrivé qu’il pleuve, c’était uniquement dans les transports, ou bien quand il fait vraiment trop chaud. Et dans ce cas, ça tombe 2 minutes à peine, juste le temps de se rafraîchir.
Aujourd’hui on arrive à la station de bus mais il ne part que dans une heure. On doit attendre. Jusqu’à maintenant, ça ne nous était jamais arrivé ! On met 2h à arriver à destination. C’est dans la fourchette haute pour aller jusqu’à Uxmal. J’ai d’ailleurs bien cru qu’on y arriverait jamais après le barrage de la police et la marche arrière du bus sur ce qui semble être une quatre voies !
La visite est superbe même si on dégouline sous la chaleur. C’est beau. C’est grandiose. C’est impressionnant. Il n’y a pas grand monde. On savoure notre chance d’être ici. Un petit merci Hunab Ku, dieu créateur, Kukulkan, dieu serpent et Itzamná, dieu de la nuit. Et big up à Chaac, dieu de la pluie dont on vient de voir le reste d’un de ces temples.
C’est sur le retour que ça se corse un peu.
Alors c’est vrai. J’ai peut-être une petite part de responsabilité. J’ai évoqué ce matin qu’une petite pluie ne nous ferait pas de mal sous la chaleur écrasante en visitant Uxmal. J’ai peut-être un peu invoqué Chaac… à côté de la pyramide du Devin. Lieu de sacrifices humains notamment. Tout en haut de ces marches… Il paraît que c’était monnaie courante d’ailleurs. Mais sur la base du volontariat ! Super! Gloups. Il paraît aussi que ça arrivait souvent après avoir consommé pas mal de leur chocolat chaud. Alors attention, le chocolat chaud par ici c’était un autre délire. Les mayas : chanmés ! C’était donc : cacao pur, poivre, piment et sang… Yeah ! Les prêtres se perçaient la langue avec des aiguilles de cactus ou se faisaient des plaies aux oreilles avec des pointes en obsidienne et ajoutaient leur sang à la préparation. Pour la couleur… Quand ils ont arrêté cette pratique, ils ont quand même ajouté du rocou pour conserver la couleur. Ils déconnaient pas avec le chocolat. C’était d’ailleurs l’une de leur monnaie aussi.
Bref : Uxmal, c’est chargé en âmes. Peut-être aurais-je dû me méfier avec mes demandes…
Super journée. Le bus de retour passe à 15h et à 17h. Ou entre 15h et 17h. On ne sait pas trop. Étant donné qu’il y a souvent du retard, on est pas sûres d’avoir bien compris. Ma sœur penche pour l’option : il y a 2 bus, et moi pour l’option : fourchette large. Dans le doute, on se pointe quelques minutes avant 15h pour attendre le bus sous un arbre au bord de la route. Finalement, je ne sais pas s’il y avait 1 ou 2 bus mais en tout cas, on monte dans le nôtre à 16h. Et dans quel état !!!
Entre 15 et 16h j’ai été entendu par Chaac faut croire… Je suis pas mouillée, je suis l’eau. Littéralement. Je coule de partout. Entre 14h57 et 16h03 : il pleut. Version déluge, orage. Vraiment. Il y a plus de pression que dans la douche de l'auberge. On essaie tant bien que mal de s’abriter sous l’arbre, de protéger nos sacs… C’est mort ! On finit douchées ! Bien sûr, on n’a pas pris nos kaways. Ils sont restés bien rangés. Dans nos sacs à dos. A l’auberge. Oui, on les avait pris parce qu’on est prévoyantes. Rappel : C’est la saison des pluies au Yucatan. On les avait pris mais pas pris…
Mais le bus est enfin là !
Faut pas prendre au pied de la lettre mes demandes là-haut ! J’avais chaud ce matin, mais pas tant. Maintenant, je rentre dans le bus en grelottant et en claquant des dents. Je me suis transformée en flaque.
Le bus est déjà bien plein, c’est sûr : tout le monde ne pourra pas être assis. On a quand même la chance de trouver 2 places dans le fond du bus mais pas côté à côte. Le ruisseau ruisselant que je suis s’assoit à côté d’un jeune mexicain endormi et le claquement de mes dents doit le réveiller, à moins que ce soit le goutte-à-goutte de mes fringues à sa gauche ou bien la flaque sous ses pieds due à mon arrivée. Je tente de résister à 2 h de bus trempée, grelottante avec la climatisation à donf… Ça me rappelle vaguement un voyage de retour d’Assinie en Côte d’Ivoire… Bref, je sers les dents, du moins j’essaie, quand elle ne claque pas et m’apprête à passer 2h en ayant froid. Mais je suis l’eau. C’est pas grave. J’ai déjà vécu ça.
Avant que le bus ne reparte, mon voisin se lève en me disant quelque chose en espagnol, que je ne comprends pas, enjambe 2 3 personnes qui sont dans le couloir central, va jusqu’à son sac vers l’avant du bus, prend quelque chose dedans et tente de venir retrouver sa place. Quand il se rassoit, je vois qu’il vient de prendre un pull. La chance qu’il a ! Mais je comprends, même sans être dégoulinante, d’habitude, dans le bus, je me couvre, on se les pèle grave avec leur clim. Mais dans mon sac, tout est trempé ! Et là : il me tend son pull. Et me dit encore des trucs en espagnol que je comprends pas. Ma mâchoire se décroche. C’est pour moi qu’il est allé chercher un pull. Mais merci !!! Mille mercis ! Gratitude maximale Kinich Ahau.
Par contre, niveau prière, va falloir que je revoie le mode d’emploi. Je suis pas encore au point manifestement. Déjà : il y a un petit délai entre la commande et la livraison... En conséquent, je croise les doigts : je pense qu’il arrêtera de pleuvoir quand on arrivera à Merida. Vu que ça fait au moins 2h que j’ai demandé l’arrêt de la pluie. Ça tombe bien, après le bus, on a encore une petite trotte à pied jusqu’à l’auberge.