
Octobre052025
Yucatan 6 : Blue is the new black
Me lever à 4h du matin pour aller pagayer dans la nuit noire au milieu des lagons.
En fait, peut-être que je dors encore ? Peut-être que je me suis pas réveillée et que je suis présentement en train de baver sur mon oreiller… Parce que ça ressemble pas mal à un rêve… Dedans il y a des pirates, une sorcière, du nutella avec des bananes, des lucioles, un ciel constellé d’étoiles et une voie lactée blanche comme du lait, un mec canon et adorable, des couleurs extraordinaires, le ciel se miroitant dans l’eau et vice versa.
On vogue sur le ciel.
Cet endroit est magique.
On est à Bacalar. Paradis qu’on appelle aussi la lagune aux 7 couleurs. Ça aurait pu s’appeler 50 nuances de bleu… mais la réf’ dénote avec la pureté des lieux.
Le programme : départ à 5h pour traverser le lagon aux 7 couleurs, remonter le canal des pirates, arriver dans la lagune mariscale, s’introduire dans les canaux naturels de la mangrove en observant les hérons prendre leur p’tit déj pour aller prendre le nôtre au lever du soleil sur la lagune de cristal où l’eau est si transparente qu’elle devient un miroir pour le ciel. Puis s’allonger sur notre kayak. Méditer dans cet endroit paisible et serein. Seuls au monde. Respirer.
Nous partons donc tels des lucioles dans la nuit. On entend juste le bruit de nos pagaies dans l’eau. Le calme. Le silence. L’obscurité. Nico nous guide en nous demandant de suivre le rayon vert. Ou bien était ce peut-être le lapin blanc ? Dans mon rêve, c’est sûr que c’est le lapin blanc qu’on suit parce que le reste de cette expérience va bien nous matrixer.
Le ciel est splendide, constellé de milles étoiles. Sûre que les miennes sont là et veillent sur moi cette nuit.
On remonte le canal des pirates avec le ciel qui commence à rougeoyer. On ne croise personne. Mangrove à gauche. Mangrove à droite. Un héron s’envole. Seuls au monde.
De l’autre côté du lagon, il y a le cenote noir et le cenote de la sorcière.
On arrive à la lagune de cristal. On descend de nos embarcations. L’eau claire est peu profonde ici. « Fresh water in the lagon in Bacalar ». Fresh water, fresh water : c’est vite dit ! Douce je veux bien mais fraîche ??? L’eau est à 28 degrés. Par contre c’est doux, mais c’est doux ! Qu’est-ce que c’est agréable !!! C’est vrai que le sel de la mer des Caraïbes m’avait quasiment brûlé les yeux il y a 2 jours ! Et on profite du lever de soleil… les pieds dans la vase, enfoncés jusqu’à mi-mollet ! Une fois que tu es calé, tu bouges plus. Et l’eau est toute de suite moins transparente quand tu mets les pieds dedans !
Pendant que Nico nous sert un café et nous prépare nos tartines nutella banane sur sa planche de paddle, on regarde juste l’horizon où le soleil se lève sur la jungle qui relie la mer des Caraïbes. Les crocos sont là-bas. Plus loin. Là où il y a des poissons. Et sûrement le bateau du capitaine Crochet qui attend le rapport de ses matelots partis sur leur barque de fortune en exploration, empruntant le canal des pirates parsemé de piques menaçant d’empaler le navire si celui-ci s’approche davantage des côtes de Bacalar. Il y a peut-être même un croco qui a avalé un réveil. Ou bien une montre à gousset d’un certain lapin blanc. Nous, on prend notre p’tit dej’ en écoutant Nico, passionné et passionnant, au sujet de la faune et de la flore d’ici. J’en ferais bien mon p’tit dej’ aussi.
On remonte élégamment sur nos embarcations en s’extrayant de la lagune dans laquelle on est quasi enfoncés jusqu’aux genoux et on se pose pour méditer au lever du jour avec les chants d’oiseaux et le clapotis de l’eau comme seul fond sonore. Nico détache nos planches et kayak une à une pour nous laisser dériver au fil de l’eau.
J’arrive de mieux en mieux à méditer et l’endroit est plus que propice à cela. Mais j’ai mes limites, j’y arrive pas encore trop longtemps. Surtout quand mon kayak se retrouve enchevêtré entre les racines de la mangrove. Aïe ! Mais c’est quoi ça ? Ah, je suis coincée !
Ça y est, ce moment hors du temps se termine. On prend la route du retour. Nico doit penser qu’on est vraiment des flemmards avec nos rames parce qu’il propose une course pour remonter le canal des pirates. C’est vrai qu’on papote avec le couple de français sur la fin de leur road trip de 6 mois en Amérique du Sud hyper sympa qui partage cette aventure avec nous. On est plutôt mous de la pagaie ! En même temps, on est pas pressés de quitter les lieux. En vrai, je le soupçonne d’avoir lancé ça parce que là, on est contre le courant, il faut souquer ferme pour avancer.
On s’arrête à l’entrée du canal pour profiter d’un bain matinal dans l’eau douce du lagon à la recherche de sirènes ou d’autres créatures mystiques. Puis le retour. Ça fait déjà 4h qu’on est parti. J’aurais bien pagayé encore et encore, histoire de prolonger cette nuit magique. J’ai toujours aimé continuer mes rêves sur le matin. Celui-ci était parfait.