Novembre162025

Mariage

Je suis allée au mariage d’une amie. Ça faisait bien longtemps que j’avais pas foutu les pieds dans un mariage. Ça fait depuis. C’était super cool. Tout s’est super bien passé. Juste deux, trois petites choses à digérer, pas sûre que les bulles et le citrate de bétaïne m’aident particulièrement aujourd’hui. L’impression d’une petite visite de mon moi du passé. J’avais pas vraiment envie de la recroiser.

Avant, j’aimais bien les mariages. J’ai d’ailleurs beaucoup aimé le mien.

Hier à la mairie, sous mon sourire et mes yeux embués, ravie de voir le bonheur de mes amis, il y avait cette petite version de moi dans ma tête, elle était dans un coin de la pièce, les mains sur les oreilles en train de se balancer dans le même genre de mouvements que peuvent faire mes patients. Mais c’était court et puis c’était beau et puis c’était chouette. Alors ça a été.

Et puis sur le parvis de la mairie, y avait cette amie aussi. Que j’avais pas revue depuis longtemps. C’était bizarre. C’était bizarre parce que c’était pas si bizarre que ça. Mais c’est différent. J’étais contente de la revoir, d’avoir deux, trois nouvelles. Ça a l’air d’aller mieux, je suis contente.

Avant j’en ai fait des tas des mariages, j’ai pensé à tous ses amis qui ne font plus partie de ma vie aujourd’hui. J’ai aidé à préparer, à penser, à écrire, à marier même parfois…

Puis la soirée est venue, la fête, le repas, les jeux, les discours. Le témoin du marié en avait fait un très beau, plein de jeux de mots, de contrepèteries, léger et drôle. Je me suis demandé si j’allais lire le discours que j’avais écrit à mon amie ou si j’allais juste le glisser dans la boîte à cadeaux finalement. Je me suis levée, je suis allée voir la mariée pour lui demander si elle préférait que je le lise ou que je le glisse dans une enveloppe pour plus tard. Elle sait comment j’écris. Alors elle m’a dit de faire comme je le sentais. Et puis j’ai pris le micro. Ça m’a rappelé le nombre incalculable de fois où j’avais fait ça. On me l’a demandé souvent. Au-delà d’écrire sur l’amour, je crois que ce qui fait que mes mots touchent autant, c’est que j’écris sur les gens. Enfin peut-être. J’en sais rien. En tout cas, c’est pas facile. Au-delà du temps, de l’inspiration, du délicat mélange d’humour et d’émotion, ça demande une petite part de soi. Facile, ça l’est encore moins aujourd’hui. Mais j’avais envie de lui dire à elle ce qu’elle m’inspirait, j’avais envie de leur dire à tous les deux merci et que j’étais contente d’être là pour fêter leur amour avec eux. Alors, j’ai pris le micro et j’ai lu mon petit discours. Y avait pas de recours ou de référence à ChatGPT, y avait pas de contrepèteries non plus. Y avait des trucs un peu drôles quand même, mais y avait beaucoup de trucs vrais surtout. Les gens ont un peu ri, les gens ont un peu pleuré aussi, je crois. En tout cas, mon amie a pleuré. Ses filles aussi. Elles lui ont fait un gros câlin. Et elles m’ont fait un gros câlin à moi aussi. Toutes les trois. Et puis sa mère aussi. Elle est venue me voir, elle m’a dit à quel point elle était bouleversée, m’a remerciée d’avoir dit. D’avoir mis des mots. Pour les filles de sa fille. Et pour elle aussi un peu. J’en sais rien. Moi aussi ça me bouleverse. A ce moment-là, j’avais juste envie d’un verre de plus et puis qu’on passe à autre chose. Je crois que je sais bien faire ça. Prendre un autre verre. Passer à autre chose. Et écrire sur l’amour aussi. En vrai j’écris pas sur l’amour. J’écris sur les gens. Les gens que j’aime. Je l’ai beaucoup fait et je crois qu’aujourd’hui je le fais même encore un peu mieux. Peut-être. Mais l’exercice me prend aussi une part de moi.

C’était une belle soirée, c’était une belle fête. C’était simple, c’était doux, c’était tendre, c’était joli. Je suis heureuse pour mon amie.

Je suis rentrée chez moi. Pas trop tard, j’avais pas trop bu. Et puis je devais me lever tôt de toute façon, je devais aller répéter. La Danse. Encore. Il n’y a rien de plus efficace pour me faire sortir de mon lit, surtout un dimanche matin, surtout après un mariage, surtout après avoir bu. Je suis allée danser, je suis repassée chez mes amis, j’ai repartagé deux, trois rires et quelques morceaux de fromage avec les invités, puis je suis rentrée chez moi.

J’ai pensé à la moi d’avant qui était venue me rendre visite, celle qui aimait beaucoup les mariages, le sien en premier. J’ai adoré cette journée mais j’avais pas envie de la croiser, j’ai pensé à tous ses amis avec qui elle avait partagé des mariages. J’ai pas trouvé ça juste. Je suis rentrée chez moi avec elle. Et on a pleuré ensemble. Maintenant j’aimerais bien qu’elle prenne sa caisse et qu’elle reparte d’où elle vient. Le problème c’est qu’on a la même voiture. Et que demain j’en ai besoin pour aller taffer…