Janvier192025

London chapter 2

Oh putain, si j'avais su…


Partir en voyage avec moi-même me fatigue…


Bon. Ça a pas loupé… C'est la merde. 


A l'atterrissage, on apprend que la fuite n'est pas réparée. Le mec nous propose de nous loger dans un autre appart, autre quartier. Il nous dit qu'il est plus grand, y a une chambre supplémentaire. Et le quartier, c'est vrai, est plus central.

Pas vraiment le choix.

On vient de débarquer avec nos 4 mômes. 5 valises. 5 sacs à dos. Et une banane dorée à paillettes. On a déjà 1h30 de bus à se taper. Puis le métro. On va arriver tard. On réclame quand même des photos avant de changer notre point de destination final mais le mec nous envoie seulement une vidéo digne d’un escape game pour trouver l’appart avec des codes et des boîtes à clé. Par contre, la vidéo s’arrête avant la porte d’entrée.

Je suis septique…

Pas de réparation, pas d’infos, pas de photos…

Mais de toute façon, sinon on va où ? Ma sœur a confiance en la nature humaine. Je la trouve méga polie avec ce mec au prénom rigolo parce que moi, je commence à fulminer. Je suis pas la plus tolérante face aux plans foireux. Et là, c’est abusé.

On arrive dans le quartier. C’est sympa. On traîne les mômes qui traînent les valises et commencent à râler tranquillement. Mon deuz’ a faim. Dans pas long, il va se transformer en gremlins. On trouve enfin la bonne rue et l’immeuble en question. La porte en bas est déjà ouverte. Pas besoin de code. M’est avis qu’elle est pas souvent fermée celle-là... On traverse un couloir vert décrépi, des marches, une cour, un vélo, des poubelles, des marches encore. Pas de lumière. C’est glauque à souhait.

Le quartier paraît moins sympa vu d’ici…

On cherche la boîte à clé. Elle est planquée dans l’escalier. C’est galère pour rouler les mollettes du code entre les barreaux de la rambarde… A plusieurs, on finit par réussir à l’ouvrir. Pour découvrir… qu’il n’y a pas de clé dedans. Je dis : « Pas de panique, je monte à l’étage pour voir s’il y a pas une autre boîte à clé à la porte de l’appart ». Je pars en éclaireur. J’arrive au premier et je longe le couloir extérieur pour trouver le logement en question. Nouvelle boîte à clé : je teste le même code. Ça marche. Une clé. Elle ouvre même la porte dis donc. J’appelle l’équipe et on découvre les lieux. 

Je suis au-delà de cacher ma joie, mais je veux pas faire paniquer la smala ou transmettre ma mauvaise humeur. On se regarde avec ma sœur. On est pas sur le même standing que prévu là… On est même loin du compte. 

Premier pas posé dans l’entrée sur un parquet « flottant ». C’est ici qu’il y a eu une fuite ou quoi ? C’est pas fini, il manque des bouts, ça rebondit quand tu marches. Un espace de plus de 5 cm sous la porte d’entrée. Les murs sont épais comme du papier à cigarette. C’est bruyant. 3 chambres effectivement. Mais juste 3 chambres. Et tiens, la fenêtre de celle-ci tient avec du scotch… Pas de pièce où se réunir tous les 6. C’est ballot pour fêter Noël… Une table branlante dans l’une d’elle qui ne tient pas vraiment. 3 chaises. La cuisine : minuscule. Des carreaux pétés. La machine à laver encore allumée avec du linge dedans. Sur le frigo, du courrier non ouvert pour un certain David. Le wifi, c’est le wifi piraté du voisin manifestement… parce que le nom et la clé ne correspondent pas à celui qui est inscrit sur la box… Mais on est où là ? 

C’est pas tellement qu’on est allergique à la roots, elle et moi.

Y a pas de problème. On en a même l’habitude. Ça nous dérangeait pas, il y a 20 ans de projeter de passer la nuit sur un banc avec notre pastèque en guise d’oreiller à Barcelone parce que toutes les auberges de jeunesse étaient blindées. Mais c’est quand on l’a décidé. Pas quand on veut fêter Noël. Et pas avec nos mômes. Avec la marmaille, on veut un minimum de confort. Genre des murs et un toit, avec des portes. Etanches. Un sol plan, sans courbure, ni aspérités !

Bon pour le moment, les gosses sont crevés et ont faim. On attaque la gestion de crise multi-tâche. Ils n’y voient que du feu. Heureux d’être ensemble et d’être enfin arrivés. Pendant que ma sœur tente d’appeler le proprio, je prépare des pâtes pour les enfants et même ma pâte à tartiner de la mort, histoire d’être en mode fun malgré tout. On relave toute la vaisselle au préalable, d’ailleurs il manque une fourchette. Y en a même pas une par personne. Le mec ne peut pas nous répondre. Evidemment. Mais il peut passer d’ici une heure. On arrête les frais avec ce sale type et on passe au plan B. Pas moyen qu’on reste ici. On appelle l’assistance d’Air BnB. Petite musique d’attente. Tiens, ça faisait longtemps. 

Les gosses sont top. Ils s’occupent pendant qu’on cherche une solution. Option dessins animés/tablette enclenchée. On va pas retraverser tout Londres pour trouver un autre logement. Ma sœur a enfin quelqu’un au téléphone. Notre dossier de réclamation est ouvert. Ils nous tiennent au courant. Il nous faut autre chose. Vite et à côté. Mais. On attend. Le temps est tellement relatif, c’est fou. Les minutes sont interminables. On va se fumer une clope en patientant sur la coursive extérieure. Oui. Je refume. Et ça, ça va pas aider. A 3 mètres de nous, sur le muret d’en face, un rat énorme, comme je n’en ai jamais vu, gros comme mon bras, passe en courant pour rejoindre la cour. Ma sœur hurle. Rentre limite avec sa clope dans l’appart. Les mômes rappliquent. Mon neveu et ma nièce ont grillé leur mère. Ils la connaissent bien… « T’as vu un rat maman c’est sûr ! » : ils se moquent, « Non non juste une petite souris… » qu’elle leur dit… 

Faut trouver une solution rapidement. Ma sœur rappelle l’assistance. Entre temps, elle a découvert un avis relatant une histoire de fuite et de relogement douteux… Dommage qu’il n’y ait pas eu cet avis au moment où nous avons réservé… J’appelle un hôtel que j’ai repéré dans les alentours. Y a pas d’appart pour 6, mais on peut voir sur leur site internet s’il y a encore suffisamment de places pour nous à la réservation en ligne avec plusieurs chambres. C’est un truc de luxe. Clairement c’est pas dans notre budget à la base. Les gosses commencent à sentir le malaise. On temporise. On explique qu’on va pas rester là. Au pire, une nuit. Mais dans ce cas, on reverra la répartition des chambres, parce qu’y a pas moyen que les enfants aient celle qui donne sur la coursive. Ma sœur a aligné les chaussures contre la porte d’entrée, comme si ça pouvait dissuader un rat de rentrer au cas où l’envie lui prendrait. Je commence à dire à ma sœur qu’on se casse dès ce soir. De toute façon, on laissera pas nos affaires là, demain, pendant qu’on va visiter les studios d’Harry Potter. Tiens d’ailleurs, Croûtard, le rat de Ron Weasley, c’était aussi une grosse arnaque dans l’histoire ! 

Ma sœur rappelle une 3ème fois l’assistance. Ils nous ont envoyé d’autres liens de logement et dit qu’ils s’occupaient de tout mais depuis : pas de nouvelle. Ça y est, ma patience a atteint sa limite. Je réserve l’hôtel de luxe d’à côté pour cette nuit, y en a pour moins de 5 minutes à pied et pour une bonne partie de ce qui reste sur mon compte en banque. On verra la suite plus tard. Ma fille commence à se sentir pas bien. Faut dire qu’avec l’isolation phonique au top de l’appart, on entend beaucoup les nombreuses sirènes de police du quartier. Pas vraiment ambiance christmas feelgood… Je prends 2 minutes pour la rassurer. Maman et tata c’est les reines de la débrouille ! On trouve toujours des solutions ! Et la devise de la fratrie (imposée par le tonton foldingue absent toudesuitement mais toujours présent dans nos têtes) c’est « ça va le faire ! ». Ça va le faire c’est sûr. A un moment. La question est quand… 

C’est là que des coups veners retentissent. Ils viennent d’où ? de la porte d’entrée, d’à côté, d’en dessous ? Mystère. Mais je crois bien qu’ils nous sont destinés… Gros coup de flip. Si ça se trouve, c’est le proprio qui se pointe. Il a dû voir que la transaction a été annulé par l’assistance. D’ailleurs, il a laissé un message il y a quelques minutes. Concis : le prénom de ma sœur suivi d’un point d’interrogation. En cherchant pas bien loin, ce scénar, il fait plus penser à du Stephen King qu’à du J. K. Rowling…

C’est bon ! On bouge. MAINTENANT. Ma sœur est encore en attente au bout du fil pour la troisième fois de la soirée. On refait en 2/2 toutes les valises que mon fils avait soigneusement réparties et rangées dans les tiroirs brinquebalants des 3 chambres sordides de ce taudis et on se casse ! En descendant, on traverse des effluves de beuh entêtantes de l’escalier pour nous dire au revoir.

A l’air libre, avec nos gosses sous le bras, traînant nos valises encombrantes dans la nuit noire, on respire à nouveau ! Ça va mieux ! Ça va beaucoup mieux ! On arrive à l’appart’hôtel. Ils sont trop sympas là-bas ! « Bad day ? » Euh… oui ! On peut dire ça… On peut même laisser nos valises demain gratos. Ouf ! On va coucher les marmots épuisés, qui ont géré comme des chefs et suivi les instructions sans discuter. Ils s’émerveillent du nombre de boutons, d’interrupteurs et d’options dans la chambre d’hôtel. Profitez bien parce que c’est pas demain la veille qu’on se reprend un logement comme ça… Allez ! Au dodo ! Demain : une grosse journée nous attend ! On se lève tôt et on part au pays de la magie. Du reste, on aurait bien eu besoin d’une petite baguette de sureau ce soir. 

On se pose dans notre chambre avec ma frangine. On souffle. Les enfants dorment dans un endroit safe ce soir. On est remboursé. On aura même droit à un petit dédommagement par Air BnB. Demain, on se lève aux aurores et l’aventure continue dans un registre plus festif et plus soft. C’est mon anniv… 40 balais putain ! Je vais les sentir passer ! Enfin demain… dans quelques minutes maintenant. On se regarde. On en a vécu des galères en voyage toutes les deux. Mais une comme ça, on l’avait encore jamais faite ! On se dit qu’on a notre quota pour ce séjour. Naïves que nous sommes.

On a rien oublié ?

Juste la sauce tomate des pâtes dans le frigo… 

On se tâte à y retourner avec ma frangine pour taguer « punk is not dead » sur le mur de l’entrée, histoire de pas gaspiller… Mais on a trop les boules… et puis faut qu’on trouve une soluce pour le reste du séjour !

On a pas le temps pour les finitions !