
Février022025
Le retour du jeudy
Ce soir je soupire.
Cette journée était beaucoup trop longue.
Après un travail méticuleux à éplucher les recommandations de bonnes pratiques de la HAS, j’en peux plus des trucs qui commencent par T… T pour Troubles… des TND, des TSA et des TDA avec ou sans H… C’est pas vraiment mes lectures préférées. Mais bon, j’étais contente, un gros morceau de fait dans cette journée marathon. Le programme est chargé comme d’hab, et je dois composer avec boulot, enfants, médecin, piscine. Je ferme mon ordi et je file dans l’eau accompagner la classe de mon coco des bois.
Quand j’arrive, il a un œil défoncé ! Manifestement c’est sa petite copine qui lui a littéralement tapé dans l’œil. Euh, c’est quand même très rouge tout ça ! Mais bon, ça vient juste de se produire, donc on s’affole pas. Petite pause dans ma journée intense de boulot : c’est cool mais je suis pas ultra fan de poireauter à côté du bassin en maillot et bonnet de bain, à les regarder longer le bord. Quand je retourne à la maison en speed parce que j’ai oublié de prendre le goûter des enfants, je m’aperçois en ouvrant négligemment mon ordi que j’ai perdu tout mon travail de la matinée ! Je grince des dents. C’était laborieux et fastidieux et il va falloir recommencer…
Pas le temps de râler ou de s’apitoyer, je vais être à la bourre à la sortie de l’école et après y a pédiatre pour ma grande cocotte poulette. Elle tousse depuis des semaines comme une tuberculeuse... Je récupère mes loustics et l’œil de mon fils est toujours aussi rouge. Le chlore n’a pas dû vraiment aider. Et il a mal. Il est dur à la douleur, alors ça m’inquiète un peu, mais de toute façon, on file justement chez le médecin. On fera d’une pierre deux coups. Ma fille est blanche tendance livide. Ça fait des semaines qu’elle ne se débarrasse pas de sa toux, malgré les médocs et la consultation précédente à SOS médecin avec son père. Ça m’inquiète. J’aime pas quand mes enfants sont malades. Le verdict tombe : bronchite asthmatiforme et pneumopathie. C’est sérieux. Va falloir commencer un traitement de cheval ! Et pour le coco des bois : petites gouttes à mettre dans l’œil, mais surtout, si ça s’arrange pas demain, c’est urgence ophtalmique. Gloups… Je sais pas comment je vais me débrouiller pour aller aux urgences, garder ma fille pour qu’elle puisse se reposer et aller au boulot parce que j’ai des rendez-vous importants demain. L’équation me semble fort complexe. Genre souvenir d’équation intégrale. Il paraît que la formulation et la résolution des équations intégrales sont cruciales en mathématiques et dans leurs applications. Shiva, où es-tu ? Mais on verra demain… A chaque jour suffit sa peine !
Cette journée est pourrie. Ça serait pas un jeudi d’ailleurs ? Bah oui. C’est forcément un jeudi…
Bon, prenons les choses par étape. Pour le moment, pharmacie : ils ont pas tout. Forcément ! Vu la liste, faut limite dérouler un parchemin et non déplier une ordonnance… Pharmacie 2 donc !
Enfin de retour à la maison, il est déjà tard. C’est parti pour la distribution. Je me transforme en alchimiste. D’abord : reconstitution des différentes mixtures : y a trop d’étapes ! Et récapitulation des consignes : diluer, secouer, doser, couper, avaler, mélanger, inhaler, mais c’est quoi cette seringue ? sans oublier les incantations vaudous et l’orientation vers la Mecque lors de la prise de la pilule rouge. Temps ressenti 1h30. Temps réel : beaucoup trop long ! Ensuite : attraper le coco des bois pour lui mettre des gouttes dans les yeux. Challenge de ouf. Tout parent ayant dû mettre des gouttes dans les yeux de son enfant sait. C’est la galère ! En même temps, je comprends… Je vais pas lui jeter la pierre parce qu’à ce moment précis, je me rappelle…
J’ai une conjonctivite de la mort.
Je suis chez mon comptable qui me restitue mon bilan de l’année avant ma déclaration et j’ai les yeux qui coulent. Je pleure comme une madeleine et je passe pour une dingo au passage auprès de l’expert-comptable parce qu’il ne m’annonce même pas de mauvaises nouvelles. Ni de bonnes non plus d’ailleurs. Mais non ! J'irai pas à la pharmacie. J’aime pas me mettre des trucs dans les yeux ! C'est contre-nature ! Ça sert à quoi les paupières ? Une heure plus tard, je suis dans mon cabinet avec 2 copines à repeindre la salle d’attente en gris souris, en haut de mon escabeau avec les yeux qui piquent tellement sa mère que je me retrouve à les fermer toutes les 1 minute 30 sur la dernière marche dudit escabeau en espérant ne pas me vautrer avec mon rouleau. L’une des deux, prise de pitié, va alors chercher de quoi m’aider à la pharmacie d’en face et devra me faire une prise de catch pour m’inoculer 2 pauvres gouttes dans chaque œil version Rachel et Monica dans Friends.
C’était il y a longtemps certes, mais j’avais pas 5 ans pour autant. Alors, je suis indulgente et patiente avec mon loulou qui hurle. « Mais tu as mal ? » je lui demande, « Naaaan ! Mais c’est froid ! C’est trop bizarre !!!! » Je te l’accorde coco des bois.
Faut encore les nourrir et après au lit tout le monde. Cette journée est beaucoup trop longue. Et dire que j’ai pris mon jeudi pour pouvoir bosser sur mon nouveau projet professionnel ! Etant donné que j’ai perdu tout mon taf de la matinée, c’était une journée extrêmement productive… J’y arriverai jamais… Ce soir, je suis trop fatiguée pour m’y remettre. Tant pis, les recos de la HAS attendront…
Mes pensées s’attardent plutôt sur mes jeudis…
J’en ai une petite collection bien sympa déjà…
Est-ce que celui-ci est digne de figurer dans le top 3 des jeudis de la loose ?
Mon analyste avait une hypothèse à l’époque à ce sujet. Il se demandait si mes jeudis pourris n’étaient pas la conséquence de mes mercredinuits. Mais pas du tout ! Aucun lien… Enfin, en tout cas pas tous !
Dans le top 3, y a par exemple la fois où il y a eu un mort devant chez moi.
Aucun lien avec un mercredi soir de débauche ! 2 petits jeunes alcoolisés qui ont voulu faire les cowboys et qui se sont plantés en voiture en face de ma maison. Gestion des enfants couchés, du passager désorienté et de leur copine plus occupée à envoyer des photos sur snap plutôt que de prévenir les parents du conducteur en attendant l’arrivée des pompiers pour le désincarcérer de la voiture. Ou plutôt ce qu’il en restait. Jamais vu une voiture comme ça… Il s’en est pas sorti. Il avait 19 ans… Ça m’a retournée cette histoire…
Dans le top 3, y a aussi le jeudi où un mec avait oublié son scooter chez moi avec le flip de le retrouver dans mon salon en ouvrant la porte en compagnie de mes enfants…
Et puis le jour de formation LSF en petit comité avec uniquement des gens du boulot alors que j’étais encore saoule de la veille. Forcément : couchée 1h30 avant l’heure du réveil… la gueule de bois n’est arrivée que l’après-midi… sueurs froides, nausée et, ah oui… j’avais oublié pendant la nuit, mais j’avais une cystite qui se rappellait à moi. Tout ça pendant que je devais me concentrer comme jamais pour comprendre et m’exprimer dans une autre langue qui a un fonctionnement fort différent de ma langue maternelle : un fonctionnement visuo-visuel quoi… Alors que là, genre, je vois flou !
Mais mon jeudi collector restera à tout jamais le combo : gueule de bois / ex / fourrière / pneu crevé ! Ok, c’est bon, j’accorde celui-ci à mon psy… Ce jeudi est peut-être en partie la conséquence de mon mercredi… Mais pas tout ! Faut pas pousser.
Le mercredi soir donc, je décide d’aller boire un verre après mon cours de danse histoire de voir mon barman préféré. Je suis venue en voiture, donc ça sera 2 verres pas plus ! Promis ! Ou 3 au pire… 3, ça passe… Et c’est sûr, j’en ai pas payé 3 ! Mais bon, j’ai quand même trop bu pour reprendre ma voiture. Je suis fière de moi, j’en ai conscience donc je prends pas ma caisse pour rentrer. Mais je suis quand même trop con pour accepter que le mec qui est encore là à la fermeture du bar avec moi me ramène chez moi. Je conduis pas, mais je monte quand même dans la voiture du type qui a dû payer la moitié de mes conso… L’autre moitié ayant dû être prise en charge magiquement par une licorne… Il est évident que ce mec attend quelque chose, mais moi, j’ai juste la flemme de rentrer à pied. Je lui fais quand même une bise pour le remercier et je lui laisse mon numéro, ce qui me vaudra quelques messages gentils mais néanmoins légèrement insistants pendant plusieurs mois jusqu’à ce que je sois très explicite sur mon non-intérêt… Bref, je suis pas rentrée si tard et en un seul morceau. Je partirai à pied demain pour aller chercher ma voiture. Ça me fera du bien une petite balade matinale.
Au réveil, je m’active parce que je dois recalculer ce qu’a fait le notaire… il s’est planté. En plus, je vois ma banquière cet après-midi pour l’offre de prêt, il me faut les bons chiffres. Relou… il faut que j’appelle mon ex. Relou… On se prend la tête. Relou. Il a l’intention de me ressortir les vieux dossiers. Ah mais, j’ai plus que ça à faire ! Maintenant, je veux divorcer et racheter ma maison ! L’intérêt de la rupture s’il y en a un, à ce moment, c’est bien celui-ci : cramer les dossiers ! au lance-flamme. D’autant plus qu’au lieu de me dire à quel point j’étais une horrible personne quand on était ensemble, il ferait bien de me prévenir qu’il part en vacances avec les enfants et sa nouvelle meuf plutôt que me laisser la joie d’accueillir la nouvelle par la bouche de ceux-ci pour bosser ma poker face… Bon, cette petite marche matinale me fera définitivement du bien. En plus, il fait beau.
Y a pas ma voiture… Aujourd’hui, c’est carnaval étudiant. Je le savais ! J’étais persuadée que là où j’étais garée ça le faisait ! Mais non ! 3 mètres plus loin, oui : c’était bon, mais pas à ma foutue place ! Fourrière ! Comment je vais faire ? Je peux pas rater mon rendez-vous à la banque cet après-midi ! Et puis j’ai psy avant ! Et les enfants à récupérer après. Déjà : comment je fais en temps normal pour tout faire rentrer dans une seule journée ? Mes jeudis c’est tetris ! Pas de panique… Une chose après l’autre. Comment on fait pour récupérer sa voiture à la fourrière ?
Petit tuto. Il faut :
- Aller chercher une autorisation de sortie définitive du véhicule au commissariat.
- Trouver quel commissariat.
- Pour ce formulaire, il faut présenter les papiers du véhicule !
- Papiers du véhicule qui sont : bien entendu dans le véhicule ! Rhaaaaa !
- Payer une amende de la lune.
- Puis, se rendre à la fourrière. Qui est à Triffouilli très mal desservi, loin loin loin.
- Payer. Encore.
- Pour sortir la voiture. Enfin.
Ça va me prendre la journée… Bon, j’appelle le commissariat déjà, j’ai les photos des papiers sur mon téléphone, peut-être que ça va suffire… Ouf ! pas besoin de faire 2 aller-retours à Triffouilli ! Les photos ça marche…
Me voilà à pied pour me rendre au commissariat le plus proche, qui ne l’est pas, proche. En chemin j’appelle une copine, histoire de savoir si elle pourrait m’emmener à la fourrière ensuite et mon psy pour annuler la séance de tout à l’heure, parce que je pense que c’est compromis. Ça se passe relativement vite somme toute, je pleure ma race quand je vois le montant de l’amende qui m’attend mais niveau timing, je suis pas si mal.
Ma copine me récupère et tout compte fait, si je mange pas, je peux même être à l’heure pour mon rendez-vous santé mentale ! j’en ai bien besoin, alors je laisse un nouveau message à mon psy pour lui dire que, finalement si, je viens. A cette époque-là, il se foutait un peu moins ouvertement de ma gueule donc ça passe… j’enchaîne avec la banque. Les nouvelles ne sont pas si mauvaises et je cours récupérer in extremis mes gosses à l’école sans être en retard.
Un miracle !
Cheh, le jeudi !
Qui c’est qu’est déter ? C’est bibi !
On se rentre tranquillou avec les loulous. Ça bouchonne un peu. On roule au pas. C’est normal, c’est carnaval. Et là, à 8km/h, je me prends mollement un trottoir en répondant à mon fils qui veut me montrer un truc à l’arrière maintenant tout de suite absolument. Pas bien grave. Juste, une fois garés, quand on descend de la voiture, j’entends un pchhhhhh que je n’aime pas du tout… Putain, j’ai un pneu crevé…
Cette journée est trop longue !!! Vraiment ! Les jeudis, ils comptent double ou quoi ?
Je rentre les enfants. Je laisse la grande en autonomie sur ces devoirs et je pars à la recherche de ma roue de secours. Scoup : j’en ai pas ! Mais j’ai un kit anti-crevaison. Pas moyen que j’appelle mon ex pour un conseil après le coup de fil de ce matin. Je serre les dents. Allez, c’est parti ! Je vais quand même demander un coup de main au voisin parce que je suis au bout de ma vie ! Voisin qui m’ouvre avec un masque : Covid… Il vient néanmoins me soutenir plus que m’aider mais ça fait plaisir quand même. J’arrive à regonfler le pneu tant bien que mal. Il est inscrit sur la notice qu’il faut rouler tout de suite après. Ok ! Je rembarque mes enfants en voiture pour faire un tour rapide de quartier. Pas moyen de les laisser. Le petit a à peine 3 ans. Pas moyen d’aller jusqu’à un garage. C’est carnaval. Plein de rues barrées. Ça bouchonne partout. Retour à la maison : ça tient. Y a plus de bruit. Je verrai demain matin. En plus, on doit partir plus tôt parce que ma fille a un voyage scolaire.
Fffff je souffle. Il faut faire à manger… euh, ce soir on prendrait pas un joker : option chocapic pour le dîner ?
Ce jeudi est presque fini.
Que nenni… le lendemain matin, je vérifie : mon pneu est à plat. Obligation d’appeler mon ex pour qu’il emmène mes enfants à l’école et que ma fille ne rate pas sa sortie. Je ravale ma fierté. D’autant plus qu’il me propose de me déposer au boulot. Merci. C’est bon, je suis arrivée au taf ! Je sais pas comment je rentre chez moi. Mais on va continuer à procéder par étape. Un pas après l’autre. Aujourd’hui, c’est vendredi, même si le jeudi a traîné comme une queue de comète : ça devrait aller beaucoup mieux.
Oui, définitivement, ce jeudi noir est difficilement détrônable… mais je vais pas trop me prononcer, histoire de ne pas m’attirer plus de mauvais modjo.
Ça fait plus qu’un top 3… en plus le dernier compte pour 2…
Finalement ce jeudi n’est pas si pire ! Mais pour conjurer le sort, je propose qu’on supprime les jeudis. Et s’il faut tout de même 7 jours dans la semaine pour pas foutre trop de bazar dans le calendrier grégorien, on rajoute un neptudi.
Voilà. C’est joli ça : neptudi !
Et moi, j’arrête les jeudis !