
Décembre142024
expérience psychédélique
Dans mon bain. Sous la mousse. Je regarde le carrelage en face de moi à travers les vapeurs d’eau brûlante. Je fixe un carreau. Sombre, lisse et nuageux. J’observe ses nuances dessiner des ombres personnifiées sous mes yeux. Elles apparaissent et disparaissent au gré de mon imagination.
Ça ressemble à un de "ces petits riens qui font du bien et qui ne coûtent rien". Comme dans le livre de mes enfants. Un rorschach entre des bulles de savon.
Je m’amuse des liens et de mes associations d’idées. Je vois apparaître un visage… très émacié… ou plutôt une tête de mort. C’est Halloween bientôt après tout… Cette apparition me fait sourire. Elle m’apaise. Je sais pourquoi. C’est pas Halloween. Elle m’évoque une personne qui, en ce moment, emplit ma tête et remplit mon cœur de joie. C’est drôle comme une image a priori morbide et négative peut faire naître ce sentiment de plénitude chez moi. Ce crâne se couvre rapidement d’une cape… ou plus probablement d’un poncho noir ou d’un sweat à capuche… Je souris. J’y rajoute volontairement ses grands yeux clairs, son regard grave et ce qui s’y illumine quand il croise le mien. J’ai envie de m’y perdre un peu… mais les images dansent et se métamorphosent. Ça ressemble maintenant de plus en plus au masque de Dark Vador… ça m’évoque tout autre chose… le père de mes enfants. Je me demande ce qu’il vient faire dans mes pensées. Je ne ressens pas grand chose. C’est neutre. C’est furtif. Un peu en dessous, un hibou se profile. Un hibou. Ma mère. Parce que je dois l’appeler ce soir peut-être ? Je fixe le carreau. Dans sa globalité, je vois un visage féminin maintenant. Une femme… Non une petite fille plutôt, une enfant. Elle semble avoir une cicatrice sur le visage. Non, c’est sa bouche… Elle sourit… Ou bien est-ce qu’elle crie ? Qui est-elle ? Ma fille ? Elle me manque… ou bien moi-même… je suis retombée récemment sur mes écrits d’enfance. J’en ai pleuré. Elle criait beaucoup en silence cette jeune fille… et elle souriait malgré tout.
Je fixe ce même carreau, en laissant mes pensées défiler. En les regardant passer et se succéder les unes après les autres sans transition aucune. C’est un moment proche de la méditation. Un instant, je me concentre sur mon souffle... 1... 2... 3... 4... 5... j’inspire… 1... 2... 3... 4... 5... j’expire… Le mouvement de mon abdomen qui monte et descend, crée des vagues légères dans l’eau de mon bain à paillettes. Une ondulation qui berce. Ça brille sous la mousse.
La boucle reprend. La mort. Dark Vador. Le hibou ou la chouette plutôt. Cette petite fille. Puis dans le coin inférieur gauche une silhouette apparaît. Un animal encore. C’est une panthère cette fois. Je ne m’en approche pas. Je ferme les yeux. Je revois dans ma tête celui qui m’apaise. 1... 2... 3... 4... 5... j’inspire… 1... 2... 3... 4... 5... j’expire….
Cet instant de répit. Ce calme absolu, malgré ces images qui torpillent et m’inspirent.
Je sors de ma torpeur. Je romps le léger flot de l’eau entraîné par ma respiration lente et profonde. Je me redresse et… je me dis qu’heureusement que je ne carbure pas au LSD.
J’ai déjà un potentiel hallucinatoire hallucinant.