Novembre172024

Des torrents de larmes

Il est en pleurs.

Ça va tellement pas. Son monde s’ouvre sous ses pieds. Il tombe. La chute paraît interminable et il n’a pas fini de tomber. C’est pas le genre de chute où tu te dis que « jusqu’ici tout va bien ». C’est un puits sans fond. Un saut en apesanteur dans l’espace. Ça ouvre en 2. Ça déchire. Ça brise. Ça te laisse roulé en boule dans une pièce obscure à déverser des seaux de larmes. 

Rupture. Le barrage a cédé. Les vagues arrivent. Il n’a pas encore de planche de surf. Il se noie dans ses larmes. Il n’a pas encore appris à nager. 

C’est fini.

 

Il pleure.

Entre 2 sanglots il demande pardon. D’être mal. D’appeler. D’être faible. D’avoir besoin d’aide. Il demande pardon. D’être nul. D’être mauvais. De répandre la peste et le choléra autour de lui. 

Il pleure. Il s’excuse. 

C’est drôle… c’est comme ça que cette fin a commencé. Un baiser, puis deux… entrecoupés d’un je t’aime et de milliers de pardons. 

 

Il a peur, il a mal, il est seul. Il se sent abandonné. Il a la sensation que tout lui échappe. D’avoir tout perdu. Sa famille. Ses repères. Ses amis. Ses enfants… Il a mal. Il pleure. 

 

Et puis… il me reparle de ce nous qui n’a jamais existé. De cette histoire qu’on a jamais vécue. 

 

« Je suis désolé. J’ai dû tellement te faire souffrir. J’ai détruit ta vie. T’as dû te sentir horriblement rejetée. Je m’en veux. T’as pris tous les risques et moi je t’ai pas choisie. J’ai l’impression de toujours faire les mauvais choix. Je ressentais des choses pour toi moi aussi, mais je me voilais la face. Je suis désolé. Je m’en veux. Pardon. »

 

Trop tard. Juste tellement trop tard. Des millions d’années trop tard.

 

Mais je le savais… je savais qu’il m’aimait. 

Je l’ai toujours senti. Même quand il m’a dit le contraire. « Je suis pas amoureux ». Oui ça m’a brisé le cœur. Mais non. J’étais pas convaincue. Par contre c’était son choix. Que je respectais. Et que je respecte toujours. 

Il est tellement trop lent le garçon…

On n’a pas le même espace-temps. 

Il n’a pas brisé ma vie. Il m’a permis de renaître. Je suis pas plus malheureuse aujourd’hui. Je suis seulement plus vivante !

 

Trop tard. Juste tellement trop tard. Des millions d’années trop tard.

 

Et puis, je sais maintenant au plus profond de moi que je ne l’aurais jamais laissé me choisir. Parce que… on construit rien de beau sur du moche. Parce que… j’aurais jamais pu être la femme qui brise une famille.

Ça a été tellement dur de tourner la page. De l’arracher du cahier. De la chiffonner. De la brûler. L’odeur du feu est restée tellement longtemps. Il m’a tellement manqué. Je l’ai tellement pleuré. Quand j’ai tout perdu, je l’ai perdu lui aussi. Mais cet abandon, c’était mon choix. Et que ça a été difficile. 

 

C’est fini aujourd’hui. C’est passé. 

Tout passe. 

Je l’aime encore. Je l’ai toujours aimé. C’est mon ami. C’est ma famille. Mais je ne suis plus amoureuse. Je suis heureuse de le retrouver. Je l’aime toujours mais c’est passé. 

La page est tournée depuis longtemps maintenant. Le livre est même terminé, rangé sur la plus haute étagère de la bibliothèque. 

 

Trop tard. Juste tellement trop tard. Des millions d’années trop tard.

 

« Comment tu fais ? Comment tu fais pour aller bien ? Comment t’as fait pour traverser tout ça ? »

 

Je vis…