Octobre262025
Yucatan 8 : Vive les paillettes

On veut aller voir la bioluminescence à Holbox. C’est très simple. On peut y aller par nos propres moyens. Il suffit de longer la plage jusqu’à Punta Coco. Et c’est là.
Longer la plage… Sauf que quelques détours sont nécessaires… quand il y a des hôtels… ou la jungle, alors il faut contourner. Mais… c’est la saison des pluies. Ici les rues faites en sable se transforment en flaques. Non on est bien au-delà de la flaque ! Des étangs, des lacs, des rivières en crue ! Pas grave : apparement il prévoit pas de pluies aujourd’hui… Youhou ! On y va ! On prend nos k-ways ? Naaaaan, on prend pas nos k-ways ! Bien sûr que non ! On part léger ! On se rend donc sur la plage en face de notre auberge et on commence à longer l’océan. Pas de pluie. Mouais, vu la couleur du ciel sur notre gauche, ça m’étonnerait que ça nous tombe pas sur la gueule cette affaire ! Ça tombe bien c’est à gauche qu’on va ! Après une petite baignade sur le chemin, on décide quand même de se mettre à l’abri pour laisser passer l’averse. On commande donc une petite bière au beach club suivant. C’est trop beau. On observe les pélicans se scratcher dans l’eau quand ils pêchent, c’est trop rigolo.
Ça y est le ciel s’assombrit. On est phagocyté par le nuage. Le tonnerre gronde, la foudre zèbre le ciel. Et les gros pélicans continuent de pêcher dans de gros ploufs avec la grâce de gros cailloux. Un vélo à ciré jaune traverse ce paysage dans un décalage géographico-climatique évident.
Ça se calme. On décide de repartir à l’assaut de Punta Coco ! On croise un héron blanc qui nous snobe et on voit de moins en moins d’habitations et de plus en plus de jungle. Ça y est, on ne peut plus continuer par la plage. Pas le choix. On bifurque dans les rues. Manque de bol, on a pas de pirogues… On se retrouve donc rapidement avec de l’eau jusqu’aux genoux. C’est la première flaque qui fait un drôle d’effet. Après on avance ! De toute façon on a plus le choix. Y a de l’eau devant, y de l’eau derrière, donc autant avancer !
Ma sœur perd sa tong dès la première traversée. Elle a ramené 4 paires de pompes dans un tout petit sac à dos, histoires d’être parée à toute éventualité, mais là elle a mis ses tongs ! On a vraiment pas la même façon de faire nos valises ! Genre elle a autant de culottes que de paires de chaussures !!! Bref, je me fous bien d’elle pieds nus dans les petits lacs troubles et douteux qu’on traverse mais j’en mène quand même pas large ! C’est moi qui voulait absolument aller voir l’eau scintiller au bout de l’île et qui l’ait convaincue d’y aller à pied et toutes seules ! « Mais si ! C’est easy ! Suffit de longer la playa ! Ça va être trop beau en plus ! » Alors oui c’est trop beau et c’est épique aussi ! La bioluminescence ça se mérite !!!
Par contre j’ai perdu sa motivation pour aller à Punta Mostiquo demain à l’aube… c’est 3 fois plus loin et déjà, de base, faut y aller à marée basse et traverser un banc de sable qui risque de ne plus être là au retour… et donc revenir en nageant… On a pas résolu le problèmos d’où on met nos affaires à ce moment-là… Mais chaque problemos en son temps… Là, on en a un peu marre d’avoir de l’eau jusqu’aux genoux, on n’est pas arrivées et la couleur du ciel nous annonce une douche incessamment sous peu !
Un taxi/quad/pickup passe dans la rivière en crue !!! « Ola ! » Pourvu qu’il s’arrête !!!
Il a déjà un passager mais il accepte de s’arrêter et de nous déposer gratos à la playa Punta Coco. On y est presque.
Heureusement, parce qu’à ce niveau on ne sait pas si c’est mieux de continuer d’avancer ou de faire marche arrière…
Le bar du bout du monde est fermé. Parce qu’il n’y a personne. Et qu’il pleut ! Mais ils acceptent quand même qu’on commande une corona. Z’ont eu pitié. Mais pas une marguarita… Faut pas pousser… La pluie se remet à tomber, les éclairs à zébrer. On attend la tombée de la nuit, seules au bout de l’île. A l’abri de ce bar avec vue sur le ciel noir de pluie, un groupe de flamands roses vient faire une halte non loin de nous. Coolos ! Quelle chance on a ! On pensait pas les voir ici les flamingos !
On patiente.
Une argentine nous rejoint. Elle a fait le trajet, seule et à pied ! Quelle courageuse ! Bon à un moment elle s’est retrouvée avec de l’eau jusqu’aux cuisses ! Tu m’étonnes, ça doit être dans la même flaque traversée avec notre taxi amphibie où l’eau nous est montée jusqu’aux fesses !!! Courageuse et un peu tarée aussi. On s’entend bien ! On décide de partager un taxi pour rentrer. Ça nous rassure. On sentait moyen le retour avec, au mieux, l’eau jusqu’aux genoux dans la jungle ET dans la nuit. Y a des bêtes ici ! Ne serait-ce que les racoons ! Y en a un qui nous a accueilli à l’auberge tout à l’heure ! Par contre, on est un peu au bout du monde, je sais pas bien comment on va trouver un taxi... Le précédent nous a bien dit de faire appeler Freddy au bar du coin. Mais dans le bar du coin, on y est. Y a que nous et l’argentine. Tout est fermé. Tout le monde est parti. Ils ont même coupé la lumière… On verra plus tard ! Pour le moment on veut voir la bioluminescence !!!
On est seulement toutes les trois à patienter que le soleil se couche. On ne verra pas de sunset ce soir vu la couverture nuageuse mais c’est pour le mieux ! Pour bien voir la bioluminescence, il faut le plus d’obscurité possible.
La pluie cesse, la nuit est tombée. On décide d’aller au bout du bout de la pointe, dans le lagon. C’est là qu’on voit le mieux à ce qui paraît.
On attend. On entend les flamands de l’autre côté qui nous accompagnent mais on ne les voit plus dans l’obscurité.
On attend.
Et puis à un moment, je crois voir comme une ou deux paillettes dans l’eau. Je m’approche. Je mets les pieds dans l’eau. Mais oui ! C’est bien ça ! Ça commence ! Il fait encore un peu clair mais quand on marche dans l’eau, ça scintille discrètement. C’est magique.
On s’amuse à remuer l’eau à droite à gauche et on finit par se poser les fesses dans l’eau. L’humidité, les bières et le cul dans l’eau ça donne grave envie de faire pipi. Pas envie d’aller dans la mangrove. Si on a déjà croisé des habitants de Rio Lagartos : pélicans, hérons et flamands, pas envie de croiser aussi leurs collocs à dents pointues ! Tant pis, on fait pipi discretos dans la lagune ! Ça, ça active carrément le phytoplancton ! Un pipi de licorne ! C’est trop rigolo ! On rit ! Mais on rit ! Et à partir de ce moment, c’est la fête à la paillette ! On agite l’eau : assis, debout, avec les mains, avec les pieds… on s’en lasse jamais ! C’est trop cool ! Quelques autres personnes nous ont rejointes mais ne sont pas restées longtemps. Je me demande bien pourquoi. Sont blasés ou quoi ? C’est magique ici ! J’ai pas du tout envie de partir ! J’en ai déduit après qu’ils avaient dû venir en taxi, eux, et que le taxi les attendait probablement. Ce qui n’était pas notre cas. Vu qu’on est venues tôt. Et sans taxi. Et qu’on peut pas vraiment rappeler Freddy !!!
Quand on se décide à quitter la lagune 2h plus tard, on a bien tenté d’appeler Freddy… « Freddy ? », « Freddy ? » … Y a pas de Freddy… Ni un de ces homologues… Il faut se résoudre à traverser jusqu’à trouver une habitation ou un commerce ouvert avec espoir de pouvoir appeler un taxi parce que sinon le retour va être long, très humide et ponctué de cris et de rires nerveux à chaque pas dans la vase, chaussure cassée, glissade, vue de « ratoon » comme les appelle ma sœur, sensation suspecte dans l’eau ou quand l’eau nous montera jusqu’aux cuisses ! On avance de toute façon, maintenant qu’on est lancées, y a de l’eau devant, y a de l’eau derrière. On peut pas faire marche arrière !
Ça c’est l’aventure ! De la magie, des rires et des paillettes !